Lisez! icon: Search engine
Moi qui ai servi le roi d'Angleterre
Milena Braud (traduit par)
Collection : Pavillons Poche
Date de parution : 20/12/2012
Éditeurs :
Robert Laffont

Moi qui ai servi le roi d'Angleterre

Milena Braud (traduit par)
Collection : Pavillons Poche
Date de parution : 20/12/2012

Des années vingt jusqu'aux purges staliniennes, l'irrésistible ascension et la chute d'un garçon de café tchèque devenu richissime, telle est la trame du plus ébouriffant des romans de Hrabal.
Enfant bâtard,...

Des années vingt jusqu'aux purges staliniennes, l'irrésistible ascension et la chute d'un garçon de café tchèque devenu richissime, telle est la trame du plus ébouriffant des romans de Hrabal.
Enfant bâtard, de petite taille, animé d'une ambition à la mesure de ses complexes, le narrateur raconte ici, avec une candeur et...

Des années vingt jusqu'aux purges staliniennes, l'irrésistible ascension et la chute d'un garçon de café tchèque devenu richissime, telle est la trame du plus ébouriffant des romans de Hrabal.
Enfant bâtard, de petite taille, animé d'une ambition à la mesure de ses complexes, le narrateur raconte ici, avec une candeur et un amoralisme déconcertants, son incroyable trajectoire. Grandeur et décadence, ce destin s'écroulera après le coup d'État communiste, en 1948, où le héros se trouvera dans un camp pour millionnaires déchus !
Ce long monologue est un des joyaux du grand conteur de Prague : tout Bohumil Hrabal est là, avec son humour féroce, son sens inné du baroque, sa truculence magnifique.

Lire la suite
En lire moins
EAN : 9782221130032
Façonnage normé : EPUB2
DRM : DRM Adobe
EAN : 9782221130032
Façonnage normé : EPUB2
DRM : DRM Adobe

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • StCyr 16/02/2024
    Moi qui ai servi le roi d'Angleterre est la confession burlesque d'un tchèque soucieux de faire oublier ses origines modestes et sa taille qui ne l'est pas moins en "s'élevant" dans la société. Dans ce qui tout d'une logorrhée, le narrateur, avide de promotion sociale et toujours disposé à ce que l'inconcevable devienne pour lui réalité, s'applique, sur un mode furieusement itératif, à raconter sa montée en grade dans le domaine de l'hôtellerie restauration, de simple loufiat à propriétaire d'un hôtel de prestige, Présence d'esprit et opportunisme, talonnette et plastron amidonné pour se hausser du col, ainsi qu'une dose intangible de chance, sont de la plus haute importance pour faire son beurre en Tchécoslovaquie; et louvoyer entre les écueils que sont les revirements d'une histoire qui s'étend du début des années 20 jusqu'au Printemps de Prague, en passant par l'occupation nazie. Dans ce soliloque alliant goût de l'absurde, grandiloquence et aveux désarmants de détachement des pires turpitudes Bohumil Hrabal façonne, de manière réjouissante et féroce, une prosopopée du destin déroutant d'un pays qui a connu bien des tours et des détours, à travers les aventures d'un personnage qui a tout de la girouette flairant d'où souffle le vent de l'histoire.
  • Glaneurdelivres 26/01/2024
    J’ai déjà lu beaucoup de livres de Bohumil Hrabal, qui est un de mes auteurs tchèques de prédilection, et jusqu’ici, mon livre préféré de lui a été « Une trop bruyante solitude ». Je resterai attaché à ce roman qui est pour moi un « grand » livre important, mais « Moi qui ai servi le roi d’Angleterre » m’a paru indéniablement plus profond encore et je tiens à vivement remercier une amie babéliote de me l’avoir offert ! Ce roman est encore davantage passionnant ! Il a encore plus de force et de charme ! Quand on lit du Hrabal, on sent à chaque page que les humains l’intéressent profondément, et qu’il ne peut rester indifférent à leur sort. Grâce à son génie, il arrive à donner du relief aux êtres simples, à les magnifier, toujours avec beaucoup de fantaisie, de tendresse et de poésie. Il arrive à faire briller ses personnages dans la grande lumière. Bien sûr, il les transforme, et les déforme parfois aussi ! Il les enrichit par son imagination déchaînée, et il arrive à nous transmettre facilement son intérêt pour ses personnages. Il aime insérer beaucoup d’épisodes comiques dans le courant de sa narration. Les gags, blagues, exagérations et fanfaronnades y sont courants. Avec son style baroque, il arrive à balayer souvent toute moralité, à relier le bien au mal et la cruauté du monde à sa beauté. Et j’ai bien retrouvé tous ces traits caractéristiques de l’écriture de Hrabal dans ce roman, mais avec encore un cran au-dessus, plus passionnant et plus psychologique ! Je trouve que dans « Moi qui ai servi le roi d’Angleterre » il y a un élan baroque qui nous mène encore plus loin, dans les contradictions et les paradoxes de l’âme humaine, et dans une sorte d’étrangeté énigmatique de notre existence. Ce livre est un roman initiatique, d’apprentissage à la Vie, et la vie du héros de Hrabal dans ce roman, n’est pas des plus simples ! Au début du livre, le narrateur-héros qui est un jeune garçon de quatorze ans, travaille en tant que groom dans un grand hôtel pragois dans les années vingt. Il est de petite taille, ce qui le gêne et lui donne un sentiment d’infériorité, mais il veut surpasser ce complexe et devenir quelqu’un qu’on admire et que l’on considère. On comprend vite que le narrateur veut goûter pleinement à la vie. Il est malin, et trouve même quelques combines pour s’enrichir petit à petit, en plus de son emploi, en n’hésitant pas à escroquer habilement. Il observe autour de lui tous les notables qui fréquentent cet hôtel. Il veut leur ressembler. Il a envie de jouer au grand seigneur, lui, le petit groom, devenir aussi important qu’eux, il veut à tout prix et rapidement briller en société, amasser beaucoup d’argent pour éprouver une sensation de puissance. C’est son rêve, c’est ce à quoi il veut parvenir. Les propos narrés sont assez euphoriques, lyriques. Au fil d’un long monologue, le héros nous fait part de ses rencontres avec les clients de l’hôtel qui lui sont sympathiques, et on a droit à nombre d’anecdotes, amusantes et divertissantes. Comme toujours, on n’est pas en reste avec Hrabal qui aime la palabre et la fantaisie ! Les phrases sont longues, parfois un peu répétitives et en lisant on a comme le souffle coupé, car c’est assez rythmé ! Au gré de ses rencontres, notamment avec des représentants de commerce, il apprend plein de choses nouvelles qui vont lui servir. « L’argent ouvre les portes du monde entier » lui disent-ils. « Il suffit d’attraper les choses par le bon bout. » Grâce à une recommandation, il va accéder à un nouvel emploi dans un hôtel de standing. Et en entendant les conversations de certains clients, il sera très tenté d’aller découvrir l’Eden, un célèbre bordel, situé à proximité. Il y fera l’apprentissage du sexe. Tel un rituel, il va s’y rendre régulièrement chaque semaine. Il y sera à chaque fois avec une prostituée différente. Il y dépensera son argent sans compter. Pour lui, y passer un moment, c’est goûter à l’extase. « L’argent m’avait ouvert les portes non seulement de l’Eden, mais aussi de la considération. » Puis il va encore gravir une marche dans son ascension sociale en accédant à un nouveau poste dans un hôtel encore plus somptueux de Prague. Suite à une gaffe du 1er garçon de la salle de restaurant, il sera promu à sa place. Ces péripéties sont amusantes et les descriptions des personnages et des scènes sont cocasses. Le maître d’hôtel de l’établissement lui dit qu’un jour, il a lui-même servi le roi d’Angleterre, en personne ! Ce maître d’hôtel a un regard très affuté. Il lui donne plein de conseils, notamment celui de bien observer les clients pour jauger leurs capacités financières et évaluer ce qu’ils pourraient se permettre de dépenser… Ce grand hôtel a été choisi pour accueillir le Président de la République en personne avec un hôte étranger à sa table. De grands préparatifs s’annoncent… Le grand Empereur d’Ethiopie, Haïlé Sélassié sera là en personne avec sa propre équipe de cuisiniers pour préparer des agapes inoubliables ! Le récit du banquet gargantuesque avec un chameau dont le corps a été farci de deux antilopes, elles-mêmes farcies de dindons, le tout ayant étant embroché par les cuisiniers de l’Empereur est absolument inoubliable ! Notre héros va être apprécié de l’Empereur lui-même, au point qu’il va recevoir de sa part une médaille pour le remercier de son service impeccable ! Avec cette promotion et les pourboires qu’il reçoit régulièrement dans cet hôtel de grand standing, il arrive à déposer beaucoup d’argent en caisse d’épargne ce qui va lui permettre de devenir millionnaire. Mais bientôt, l’histoire de notre héros arriviste et amoral, va être mêlée à la grande Histoire. Il a décidé d’apprendre l’allemand et il va rencontrer une jeune Allemande aryenne, Lisa, qui est en fait professeur de gymnastique, infirmière au grade de commandant dans l’armée allemande. Elle va tomber amoureuse de lui. A cette période, les Allemands se sont emparés des Sudètes, et bien sûr les Tchèques détestent les Allemands ! Et comme il s’est entiché d’une allemande, il se voit perdre son emploi à l’hôtel. Mais une nouvelle place de garçon et de futur maître d’hôtel l’attend du côté de Cheb (une ville tchèque proche de la frontière allemande) où le père de Lisa est restaurateur ! Son amoureuse est fière de lui expliquer que la région de Cheb est réputée pour son air pur et ses stations thermales, et qu’elle héberge la 1re station européenne d’élevage eugénique de la race humaine ! Et c’est tout un pan de l’Histoire nazie qui défile entre les lignes… Après avoir pu prouver son ascendance aryenne et germanique puisque son grand-père s’appelait Johann Ditie, et après être passé par une visite médicale devant un major SS et fait des analyses de son sperme, le narrateur est déclaré apte à se marier avec sa jeune amoureuse. Néanmoins, plus tard, même une fois marié, il ne se sentira pas intégré parmi les officiers SS et de la Wehrmacht qui ont l’air de le considérer toujours comme un « péquenot » tchèque. Et il ne pourra pas s’empêcher lui-même de penser à ses compatriotes tchèques, qui sont alors fusillés par les pelotons d’exécution allemands à Prague, à Brno et dans les autres villes tombées sous la juridiction allemande. L’histoire du village martyr tchèque de Lidice va être évoquée, qui avait subi les représailles des Allemands après l’assassinat du Reichprotektor Heydrich. Avec Lisa, notre narrateur aura un fils, qui malheureusement s’avèrera débile et devra être interné dans un asile d’enfants aliénés. Et puis l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. Lisa mourra décapitée sous les bombes. Son mari va retrouver contre elle, sous son corps, une mallette contenant des timbres-poste de très grande valeur. Avec la vente de ces timbres, notre narrateur va faire construire un hôtel de grande classe, qui va attirer des gens fortunés ! Mais les feux de la bonne époque pour le narrateur devenu millionnaire vont bientôt s’éteindre, avec l’arrivée au pouvoir des communistes… En février, les échos du Coup de Prague, parviennent déjà en sourdine aux oreilles des millionnaires, et petit à petit, ces gens fortunés reçoivent une convocation de la part des autorités. Tous les droits de propriété vont désormais passer entre les mains du peuple. Et là, Hrabal avec son imagination débordante a le don de transformer des situations affligeantes, en situations inversées, improbables ! Le narrateur qui veut toujours et encore faire partie des personnes reconnues millionnaires, au lieu de conserver sa liberté, va se rendre au centre d’internement et se faire noter sur le listing, alors que son nom n’était pas mentionné ! Mais dans la prison dans laquelle il va se retrouver, il ne subira aucune brimade, loin de là ! Le commandant du centre est « un bon bougre gentil comme tout. » Les millionnaires prisonniers n’y manquent de rien, mangent comme quatre à chaque repas, peuvent voir leurs épouses, et même les anciennes entraineuses de bar y vont être accueillies à bras ouverts ! « Au bout d’un mois, tous les internés étaient déjà bien bronzés puisqu’ils prenaient tout le temps des bains de soleil sur les côteaux du jardin. » C’est la vie de château ! C’est totalement baroque ! Les situations sont baroques et les lieux aussi. Ce centre d’internement que détient et utilise le pouvoir communiste, est un ancien institut d’études théologiques où trônent encore partout des crucifix et des tableaux de la vie de tous les saints ! Mais cette « période agréable que certains eussent aimé vivre à l’infini » va avoir une fin : le centre d’internement va être dissous. Un avis officiel de Prague laissait au narrateur le choix entre un internement à la prison de Pankrac (réputée pour ses sévices) ou l’engagement dans une brigade de travaux imposés. Et notre narrateur va choisir une affectation de cantonnier à l’entretien d’une route en pleine campagne loin de tout. Pour le narrateur, les félicitations, la considération d’autrui envers lui, vont devenir le cadet de ses soucis. Là, il n’a plus à se soucier de quelque statut que ce soit ! Ce roman est remarquable par son comique absurde, et avec sa verve burlesque, il est totalement jouissif. Et en même temps, son récit tragi-comique qui contient beaucoup de scènes extraordinaires, étonnantes, et irrévérencieuses, nous surprend ! Le personnage du héros qui possède la faculté de traverser les cauchemars de l’Histoire sans cesser de rêver est original. C’est un personnage ambigu, à la psychologie dérangeante. Avec ce roman corrosif, Hrabal nous amène à méditer sur le sens à donner à notre existence humaine. A la fin du récit, quand le héros vieillissant se trouve isolé loin du monde, est-ce pour lui la paix, le renoncement, l’acceptation du destin ou bien le désespoir de la solitude et de l’abandon ? En tout cas il a enfin le temps de se retourner vers son étrange et absurde trajectoire de vie pour en faire le récit ! « Les gens du village avaient forcé la barrière de neige pour venir jusqu’à moi et la frayeur que je leur avais inspirée confirmait que j’étais décidément un spécimen rare, l’élève du maître d’Hôtel Skrivanek qui a servi le roi d’Angleterre ; et moi j’ai eu l’honneur de servir l’Empereur d’Ethiopie qui m’a distingué pour toujours en me décernant cette décoration, ainsi j’ai eu la force d’écrire pour les lecteurs cette histoire, d’inconcevable devenu réalité. » Dommage que l’on ne puisse donner que cinq étoiles ! Ce véritable chef d’œuvre de la littérature tchèque du XXe siècle en mérite bien davantage ! J’ai déjà lu beaucoup de livres de Bohumil Hrabal, qui est un de mes auteurs tchèques de prédilection, et jusqu’ici, mon livre préféré de lui a été « Une trop bruyante solitude ». Je resterai attaché à ce roman qui est pour moi un « grand » livre important, mais « Moi qui ai servi le roi d’Angleterre » m’a paru indéniablement plus profond encore et je tiens à vivement remercier une amie babéliote de me l’avoir offert ! Ce roman est encore davantage passionnant ! Il a encore plus de force et de charme ! Quand on lit du Hrabal, on sent à chaque page que les humains l’intéressent profondément, et qu’il ne peut rester indifférent à leur sort. Grâce à son génie, il arrive à donner du relief aux êtres simples, à les magnifier, toujours avec beaucoup de fantaisie, de tendresse et de poésie. Il arrive à faire briller ses personnages dans la grande lumière. Bien sûr, il les transforme, et les déforme parfois aussi ! Il les enrichit par son imagination déchaînée, et il arrive à nous transmettre facilement son intérêt pour ses personnages. Il aime insérer beaucoup d’épisodes comiques dans le courant de sa narration. Les gags,...
    Lire la suite
    En lire moins
  • majero 03/02/2023
    J'ai adoré ce récit fellinien dans la Pologne russe des années 30. Se succèdent les hôtels, Ville dorée de Prague, Relais du silence, Hôtel de Paris, dans lesquels évolue un petit groom ambitieux et finaud. Me restent des images fantastiques comme les pétales qu'il étale sur le ventre des prostituées de l'Eden, les corps en baudruche flottant au plafond de l'usine de confection ou les filles dans les salons privés des vieux boursiers. Malheureusement avec la guerre s'emballe l'imagination de Hrabal, l'inconcevable devient réalité, ce qui donne un peu du n'importe quoi.
  • oliviersavignat 19/04/2020
    Grandeur et décadence, c'est le lot de cet anti-héros qui réussit par bien des abjections à se hisser au niveau de ses rêves, puis par dégringoler d'aussi-haut pour finir par terre, mais plus heureux que jamais... On ne saurait dire s'il faut tirer un enseignement de ce parcours atypique, mais on peut en tout cas savourer la plume acidulée de Bohumil Hrabal qui nous enchante encore par une de ces fables dont il a le secret, fable baroque, légère et profonde à la fois, pleine de l'ironie, de l'inconséquence et de la poésie infinie de ce monde. A mettre au même niveau qu'Une trop bruyante solitude, celui des livres qui marquent une vie de lecteur.
  • Marie987654321 15/12/2018
    "Moi qui ai servi le roi d'angleterre" est le récit d'une vie extraordinaire : celle d'un larbin de l'hôtellerie, qui va beaucoup apprendre et grimper les échelons de la société avec une totale absence de scrupule. Enfant bâtard, de petite taille mais animé d'une puissance impressionnante, d'abord groom à "La ville dorée de Prague", il devient serveur et maitre d'hôtel dans divers lieux. Comme le lui demande son premier patron : il voit tout et entend tout mais ne voit rien et n'entend rien ! Voilà certainement une disposition cynique qui facilite son ascension sociale. Car le petit groom a sa révélation en se rendant à l'Eden, une maison close : il y découvre le vertige du plaisir qu'apporte l'argent, en plus du plaisir sexuel. A l'époque de l'annexion des Sudètes, il tombe amoureux d'une jolie adoratrice de Hitler, ardente partisane du programme du Lebensraum. Il aura avec elle un enfant débile qu'il abandonnera. Par ailleurs, il ne voit aucun probleme particulier à s'enrichir par la spoliation de biens juifs. Il atteint enfin son objectif : être propriétaire d'hôtels à l'égal de ceux qui, dans le passé, ont pu le traiter mal. Pourtant, il reste une sorte de paria dans le milieu. Etre à part, il ne fait pas partie du cercle. Son désir est si ardent que lorsque les communistes prennent le pouvoir et emprisonnent les millionnaires, il exige d'être enfermé avec eux. Pour faire partie du cercle à tout prix, avoir la reconnaissance. L'arrivée des communistes signe sa chute mais les dernières pages, assez différentes par leur ton, peuvent aussi être vues comme une rédemption, autant qu'une expiation. Loin du monde dans la nature sauvage et glaciale à réparer une route dans la forêt : est-ce la paix, le renoncement, l'acceptation du destin, ou le désespoir de la solitude et de l'abandon ? D'une phrase à l'autre, j'ai vu les deux. Il a enfin le temps de se retourner vers son étrange et absurde trajectoire pour en faire le récit. Un récit foisonnant; absurde et improbable. "Moi qui ai servi le roi d'angleterre" est le récit d'une vie extraordinaire : celle d'un larbin de l'hôtellerie, qui va beaucoup apprendre et grimper les échelons de la société avec une totale absence de scrupule. Enfant bâtard, de petite taille mais animé d'une puissance impressionnante, d'abord groom à "La ville dorée de Prague", il devient serveur et maitre d'hôtel dans divers lieux. Comme le lui demande son premier patron : il voit tout et entend tout mais ne voit rien et n'entend rien ! Voilà certainement une disposition cynique qui facilite son ascension sociale. Car le petit groom a sa révélation en se rendant à l'Eden, une maison close : il y découvre le vertige du plaisir qu'apporte l'argent, en plus du plaisir sexuel. A l'époque de l'annexion des Sudètes, il tombe amoureux d'une jolie adoratrice de Hitler, ardente partisane du programme du Lebensraum. Il aura avec elle un enfant débile qu'il abandonnera. Par ailleurs, il ne voit aucun probleme particulier à s'enrichir par la spoliation de biens juifs. Il atteint enfin son objectif : être propriétaire d'hôtels à l'égal de ceux qui, dans le passé, ont...
    Lire la suite
    En lire moins
Abonnez-vous à la newsletter Robert Laffont
Les Éditions Robert Laffont publient de la littérature française et étrangère, des biographies, des témoignages, des mémoires, des romans policiers et d'espionnage, des livres de spiritualité ou encore des livres pratiques.
Chaque mois, recevez toutes les actualités de la maison en vous abonnant à notre newsletter.