Quand vous abordez le sujet du machisme dans la France d'aujourd'hui, vous obtenez deux types de réaction :La réponse de type géographique : « Qu'est-ce que tu dirais si tu étais en Afghanistan, en Algérie ou en Chine ! » Comme si, vous étant cassé une jambe, vous disiez : « Ouille, ça fait mal ! » et qu'on vous rétorque : « Ah, te plains pas, tu pourrais avoir un cancer généralisé en phase terminale ! » Certes.Celle de type historique : « Ma pauvre, tu te rends pas compte ! Avant le droit de vote et la pilule, tu aurais eu raison de te plaindre ! Mais maintenant ! » Comme si vous déploriez les difficultés de la vie avec un SMIC, deux gosses et un mec en fuite qui ne paie pas de pension alimentaire, et qu'on vous cloue le bec parce que avant-guerre y avait pas de SMIC, des gosses on en pondait à la demi-douzaine, et les mecs s'incrustaient pour boire leur paye ! CQFD.Si j'en crois mes interlocuteurs (et interlocutrices !), le machisme est plutôt un truc pour pays du Sud, avec moustachus ombrageux, gâchette facile et haciendas, transpirant sous un soleil d'injustice. En France, aujourd'hui, en admettant que le machisme existe, il ne peut être que pipi de chat, roupie de sansonnet, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Ni s'inscrire aux Chiennes de garde !J'entends bien ! Le machisme, comme il ne s'attaque qu'aux femmes, c'est comme si ça faisait mal à personne ! Il ne fait pas partie des grands sujets. Pourtant, il fait très mal. Tout un éventail de violences. Jusqu'au meurtre, au viol, aux coups. En passant par les discriminations, humiliations, intimidations et autres harcèlements. Et en commençant par le mépris, les insultes. Entre toutes ces violences, une différence de degré, pas de nature.La dévalorisation quotidienne du féminin, il faut avoir un double X dans le chromosome pour se la prendre dans les gencives. Mais il suffit d'un minimum de sensibilité pour qu'elle horripile l'épiderme et les neurones. Et la sensibilité, ce n'est pas un apanage féminin. La solidarité se conjugue aussi au masculin.À l'heure où les luttes contre le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie apparaissent à juste titre comme légitimes, on en est encore à mettre en doute l'existence même du sexisme, ou à en sous-estimer l'ampleur. Alors suivez-moi, je vous emmène faire un tour du côté du machisme tricolore, hexagonal et gaulois.